Les services du FMI entament des discussions avec les autorités béninoises sur un programme éventuel
A la demande du gouvernement béninois, une équipe du Fonds monétaire international (FMI), dirigée par Christine Dieterich, chef de mission pour le Bénin, a séjourné à Cotonou du 6 au 18 juin pour entamer des discussions avec les autorités sur un programme économique triennal éventuel soutenu par le mécanisme de Facilité élargie de crédit (FEC).[1]
Au terme de la mission, Mme. Dieterich a fait la déclaration suivante:
«Le gouvernement a trouvé une situation macro-économique et de trésorerie difficile à sa prise de fonction en avril 2016. En particulier, alors que la politique budgétaire était en général saine les années antérieures, le déficit budgétaire s’est creusé à environ 8½ pour cent du PIB en 2015, avec la continuation des dépassements de dépenses au premier trimestre de l’année 2016. Cette accentuation du déficit budgétaire a été financée par de fortes émissions d’obligations sur le marché financier régional, augmentant considérablement le service futur de la dette. Pire, au cours du dernier trimestre 2015 et du premier trimestre 2016, des contrats ont été signés pour des projets hors budget à hauteur d’environ 24 pour cent du PIB. Ces prêts sont coûteux et ont des échéances courtes. En raison de la classification à tort de ces arrangements comme étant des PPP, les procédures de passation des marchés standard ont été contournées, ce qui soulève des préoccupations graves quant à leur gouvernance et à leur qualité.
«En dépit de cette politique budgétaire expansionniste, la croissance en 2015 s’est, selon les estimations, décélérée à environ 5 pour cent, alors que s’amorçait un ralentissement au Nigeria – le principal partenaire commercial du Bénin. Pour l’année 2016, avec la poursuite de la décélération de la croissance au Nigeria, la croissance du Bénin devrait se situer dans une fourchette de 4,5 à 5 pour cent. En outre, la pauvreté s’est aggravée depuis 2011 au regard de l’enquête sur les ménages de 2015. L’inflation est restée modérée en dépit d’une hausse récente liée à l’augmentation des prix des denrées alimentaires et énergétiques.
«Le gouvernement est déterminé à inverser la tendance haussière du déficit budgétaire et de la dette. Le budget rectificatif 2016 est une étape décisive pour ramener la situation budgétaire sous contrôle. Bien que cette rectification de la situation budgétaire soit impressionnante, l’équipe a attiré l’attention sur le fait que la gestion prudente de la trésorerie et le contrôle des engagements seront nécessaires pour le reste de l’année, pour exécuter le budget avec succès.
«Le gouvernement a pu suspendre la majorité (20 pour cent du PIB) des projets opaques hors budget, vu que leur mise en œuvre n’avait pas encore commencé. Une évaluation de ces projets et de leur financement est en cours, étant donné que ce niveau de dettes supplémentaires à court terme compromettrait sérieusement la viabilité budgétaire et mettrait en péril la stabilité macroéconomique dans les années à venir.
«Pour l’avenir, le gouvernement est en train de préparer un plan détaillé d’investissement à moyen terme. Etant donné le poids du service de la dette et les vulnérabilités que présente l’économie du Bénin, en particulier, une base d’exportation étroite et volatile, le défi consistera à trouver le bon équilibre entre la préservation de la viabilité de la dette et la satisfaction des besoins d’investissement visant à éliminer les freins à la croissance.
«Fort conscient de ce défi, le gouvernement a lancé des réformes visant à améliorer la gouvernance et le cadre réglementaire, en particulier pour le secteur de l’énergie, afin de faciliter les investissements par le secteur privé. Cette approche permettra non seulement de réduire le fardeau de l’investissement sur le budget, mais facilitera également la croissance tirée par le secteur privé nécessaire à la création d’emplois pour une population jeune à fort potentiel de croissance. Ces efforts comprennent des réformes destinées à améliorer l’efficacité des dépenses du gouvernement, en particulier en remédiant aux faiblesses graves en matière d’audit, et à mobiliser des recettes supplémentaires. En outre, l’élaboration du cadre réglementaire approprié pour les PPP sera nécessaire pour se prémunir contre les risques futurs pour le budget. Le gouvernement a également lancé des initiatives heureuses visant à améliorer la gouvernance des entreprises publiques, en appui à un plan ambitieux de privatisation.
«L’équipe a rencontré le Président de la République, le Ministre d’État, Secrétaire Général à la Présidence, le Ministre d’État chargé du Plan et du Développement, le Ministre de l’Économie et des Finances, le Directeur National de la BCEAO et d’autres responsables gouvernementaux et de la Banque centrale, ainsi que des représentants du secteur financier et les partenaires internationaux au développement.
«L’équipe voudrait remercier les autorités ainsi que les autres interlocuteurs pour leur hospitalité, l’excellente qualité de la collaboration et des discussions. Une deuxième mission est prévue à une date ultérieure au cours de l’été, avec pour objectif de finaliser les négociations sur un programme de FEC soutenu par le FMI. »
[1]La FEC est un instrument de prêt concessionnel pour les pays à faible revenu ayant un programme économique triennal convenu avec le FMI.
Distribué par APO Group pour International Monetary Fund (IMF).